Graffiti - QDC - Aéro
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Interview Aéro Comment es-tu rentré dans le graffiti ?
Ça vient du collège, à l'époque 5ème, 4ème. J'avais mon refré qui mixait comme un ouf, il tagguait et il était dans le mouvement hip-hop. Par mimétisme, j'ai gueta. A cette époque, j'étais avec Core au collège : on tagguait, on tapait des petits beats box, des sons, des lyrics. Et, en fait, on s'est lancé dans la peinture, il y a environ 3 ans. J'ai découvert l'ancien entrepôt Renault, bd Marbeuf en suivant mon frère et Séky. Je crois que c'est cette peinture qui m'a donné envie de poursuivre.

Interview Aéro Et tes premiers pas dans la peinture ?
C'était l'époque Briques rouges, avec Core. Je tapais des trucs carrés, sans évolution, sans me poser réellement la question pourquoi je me mettais à graffer ? Le blaze Aéro est d'ailleurs venu sans idée précise. La base est le mot aérographe bien entendu, mais il n'y a pas d'anecdote particulière. Début 2000, on a fait une petite peinture, je ne sais même plus pourquoi. Et là, j'ai rencontré Dag et, avec lui et Core, on a décidé de monter l'association Calligraffix. C'est peut-être la meilleure chose qui m'est arrivé.

Interview Aéro Vous avez monté directement l'asso et non le crew ?
Non, non ! On a fait les deux en même temps. En fait, on se suit depuis longtemps avec Core et ce sont vraiment des potes.

AéroAéroAéroAéroAéroMaklakAéro

Interview Aéro Et quand t'es venu le déclic pour ton évolution ?
Dag, AéroAéroC'est avec l'asso que ça m'a motivé. Avant je tagguais beaucoup de trucs que je qualifie de moches maintenant. En rencontrant Dag, j'ai commencé à taper des planches à max, bosser, bosser et puis j'ai senti l'évolution. En revenant sur ce que je disais, Dag est peut-être la meilleure chose qui m'est arrivé, surtout d'un point de vue intellectuel. Maintenant je suis parti dans la troisième dimension, 3D de son petit nom, mais ce n'est qu'une étape parmi plein d'autres. Et à travers cette étape, j'ai développé mon style qui me permet de me différencier des autres. Le but est de toujours évoluer en étant créatif. Mais ce n'est pas forcément en peignant beaucoup que tu progresses : il faut aussi comprendre pourquoi tu peins. J'ai aussi grandi et avant, je n'étais peut-être pas suffisamment apte à comprendre certaines choses.

Aéro - Le bonheur : c'est le dévouement à un rêve ou à un devoir ...

Interview Aéro As-tu été influencé par le mouvement hip-hop ?
AéroAéro, BonerAéroAéro, CoreEn fait, en ce moment, j'ai plutôt tendance à être dans mes pensées, un peu en retrait du mouvement graffiti. Je crois que tu dois réfléchir sur ta peinture et non pomper à droite et à gauche. C'est avant tout ton esprit qui est retranscrit sur ta feuille comme dans le djing, tu t'exprimes par ta sélection et ton mix ou dans le rap, avec tes lyrics. Je suis assez proche du hip-hop, mais je ne joue pas dessus. Je ne peins pas pour une culture, mais plus pour un kif personnel. J'ai plutôt tendance à être indépendant en ce moment. Il faut toujours garder un peu de recul, par rapport à ta vie en générale d'ailleurs.

Aéro - Le but en soi est de se rendre compte que la vie est une succession de buts ...

Interview Aéro Et au niveau de la scène rennaise ?
AéroAéroRennes, c'est carrément une bonne scène. Au niveau du graffiti, il y a des connexions avec Brest, Paris, Toulouse. C'est un bon tremplin mais par forcément grâce aux structures car il y en a peu. Des mecs en dehors du hip-hop s'intéressent à cette culture comme, par exemple, le magasin Leclerc Jeans au niveau du graffiti ( ce magasin de vêtements a développé une activité graffiti ). Il y en a d'autres qui procède de la même façon car ils remarquent aussi que le graffiti est devenu vendeur. Le marketing a aussi un rôle. Cela ne diminue pas le pouvoir de promotion du graffiti. Ça ne fait que l'utiliser sans vraiment le dénaturer. Certains ont envie d'imposer leur esprit non hip-hop à la base, avec le graffiti. Dès fois cela le dénature, mais il peut aussi y avoir de bonnes combinaisons. Les Transmusicales ne sont pas forcément pas les premiers à qui on pense, même s'il y a quand même eu de bonnes choses.

Interview Aéro Et les squatts sur Rennes ?
AéroAéroIl y en a de moins en moins. Ou plutôt, il y a de plus de plus de graffeurs. Depuis 2000, beaucoup de nouveaux graffeurs ont débarqué. La fermeture d'anciens gros squatts, comme les Briques Rouges ou peut-être bientôt l'abattoir, réduit encore le nombre de murs. Mais, en même temps, il y aussi plus de plans légaux ou autorisés.

Interview Aéro On sent que tu congites pas mal et que tu te remets souvent en question ?
Je suis en restructuration mentale comme j'aime le dire. Il faut sans cesse se remettre en question car c'est la marche d'appui pour l'évolution. Tu vois, j'adore placer des citations comme au-dessous de mes couleurs. J'aime bien tripé genre philo. En fait, c'est depuis que ma copine est à la fac et que je lui pique ses bouquins de philo ( rires ). Cela me fait un peu cogité et ce n'est pas plus mal.

Aéro - La question n'a pour but la solution mais la réflexion ...

Interview Aéro Vers quoi as-tu envie d'évoluer : continuer dans une réflexion perso ou avancer à plusieurs ?
AéroAéroAéroEn fait, depuis la rentrée 2001, c'est un peu plus axé sur le solo et me faire un nom en quelque sorte en montrant ce que je sais faire. J'aimerai bien percer, sans aucune prétention, et mettre de la couleur un peu partout dans Rennes en bossant avec les entreprises. Je ne dis pas le reste car il y a des gens qui vont me mettre des barrières ( rires ). Je fais des démarches et on verra ce que ça donnera. C'est pour me faire avancer et en même temps pour sensibiliser d'une certaine manière, le plus grand nombre de gens, de tous les milieux sociaux, de tous les âges. Ce n'est pas forcément une mise en avant de mon égo, ni pour l'aspect pécuniaire. Le but n'est pas de dire que je m'affiche mais de montrer un aspect du graff, comme la couleur, qui diffère du tag. Pour moi, le bon esprit est de faire découvrir le graff par son aspect le plus positif. Je pense qu'on peut qualifier quelqu'un de graffeur, même s'il ne fait pas d'arrache. Le terme graffiti n'appartient à personne et chacun lui donne la signification qu'il veut. Tout le monde ne pense pas de la sorte.

Aéro - La liberté appartient à celui qui a le pouvoir d'obéir à sa loi morale ...

Interview Aéro Justement une autre manière de se faire connaître est de déchirer ?
AéroAéroAéroCela viendra mais pour l'instant ce n'est pas ce que je mets en avant. En réalité, il y a 3 Aéro : le Maklak de Calligraffix, celui qui arrache et celui qui tape des 3D. Chaque côté existe et ils prennent le dessus à un moment ou un autre. Pour l'instant, il y a un feu d'artifice de couleurs ! ( rires ) Je suis encore en pleine évolution. Je suis au début de la fin ( rires ). Mais je ne me sens pas rester comme ça car j'ai le souci de changer, de mettre de la dynamique, tu vois. D'évoluer en somme.

Aéro - Qui vivra, verra ...

Interview Aéro Te considères-tu comme un artiste ?
Non, je ne me dis pas artiste. Le fait de l'affirmer n'apporte rien, car tout se passe intérieurement. Et en fait, la peinture est un reflet de l'intérieur.

Interview Aéro Cela ressemble à la notion d'artiste ?
AéroAéroCe n'est pas le dire. Je me sentirai plus philosophe, qu'artiste. Mais, à vrai dire, être philosophe, c'est peut-être aussi être artiste ... Ça me fait penser à une phrase que j'ai placée sous un de mes graffs : Artisan de l'artistique. La chose qui me dérange est de se prétendre artiste. Personnellement, je qualifierai Core d'artiste. Il a déjà un don inné que je n'ai pas forcément. Il planche actuellement pas mal et, professionnellement, touche également à l'infographie. Un artiste de profession est quelque sorte.


Dédicaces
Propos recueillis le : 04/12/2001
Par : Cronik, DJ Balis' Tick & Symbiose

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