Graffiti - Shendo
Shen She Shendo Shen
Interview Shendo Commençons par le commencement ?
J'ai débuté en 1988, à l'âge de 11 ans. Pendant 5 ans, je taggais seul régulièrement. Les rencontres arrivèrent après. 1er graff en 92 mais toujours beaucoup de tags jusqu'à là. En fait maintenant, j'entrecoupe les périodes : un peu d'arrache, on se fait oublier, un peu de casse-croûtes, un peu d'asso et on recommence...

Shendo    Shendo    Shendo    Kicé, Safyr, Azote, Caro, Doshen    Doshen 1    Doshen    Shendo

Interview Shendo D'où te sont venues les influences pour tagger ?
En fait, le skate et la Californie étaient déjà bien présents même si le hip-hop n'était pas aussi connu. J'imagine aussi que les Transmusicales m'ont sûrement influencé sans vraiment s'en apercevoir. Sinon, les choses vécues à ce moment-là m'ont amené à croiser la route du graffiti car il n'y avait pas mieux à faire... Pendant des années, c'était ma seule activité car je ne faisais pas de sport et je séchais les cours. J'étais perché dans mon truc.

Korseyr The Paskwa Fucker Styley Nick la police !!!
Interview Shendo Tu posais Shendo dès le départ ?
Non, il y a eu pas de mal de pseudos avant : Wize, Harris, Take Oner, Sté Oner, Vince, Corser, Kenya, Styley, ... Et puis un jour, je me suis décidé à en faire un bien. J'avais repéré les lettres qui me convenaient et je souhaitais aussi une influence japonisante. A Paris, il y avait un Bando, ce qui signifie maître des arts en japonais : ban, c'est les arts et do, la voix de. L'autre moitié, c'est l'influence d'une vieille K7 de NTM où figurait un beau tag de Kool Shen sur la pochette. J'ai rassemblé les morceaux pour faire Shendo. L'ensemble me plaisait et ça fait environ 9 ans que je le pose.

Nemo, Shendo Shendo
Interview Shendo Tu as évolué dans différents crews ?
A l'époque, pour suivre le mouvement. On était comme des petits gangs qui traînaient dans la rue. On picolait, on taggait et aussi des petites conneries mais rien de méchant. Il n'y avait pas d'aspects artistiques. De là, les arrestations et les embrouilles... Au niveau crews, il y a eu KDC ( Kingz Da Colorz, Kartel Du Crime ) avec des mecs de Maurepas, DEP ( Droit d'Enculer la Police ), TDR ( Tous Droits Réservés, Trois Délinquants Ravagent ), NBC, GAV avec Paco,... Tout ça, c'est l'époque des belles baskets Patrick Ewing et des groupes de rue. Comme dans tous groupes, il y a un meneur et chacun à son rôle défini. On se laisse un peu aller dans nos faiblesses. A un moment, cet esprit m'a saoulé.

Shendo, Séki Ias, Lady, Shendo
Interview Shendo Un crew comme DB avec Iase et Kicey a plus marqué les esprits ?
C'est le premier grand crew de potes qui n'avait rien à voir avec ceux d'avant. On était là ensemble pour faire de beaux graffitis et bien arracher. Mais bon, là-aussi, mauvaise finalité donc maintenant je suis solo. En fait, il n'y a pas de contraintes : je vais peindre avec qui je veux sans les pressions et les ragots.

Interview Shendo Tu es très complet : stickers, tags, flops, couleurs, chromes, trains, one line, markers,...
C'est vraiment sans réfléchir car je n'arrive pas bien à m'organiser. Les occasions tombent et je fais en fonction. Je vois le truc comme de la break dance : le graffiti est mon petit sport et le feeling est très important. Longtemps j'étais barré dans le tag et je ne faisais quasiment que ça. Il faut varier et expérimenter le plus de choses. D'ailleurs je me remets aux personnages et aux décors car c'est bien utile pour certains plans. Mais je reste quand même plus dans le délire calligraphie. C'est l'origine du graffiti, ça tombe bien, et ce n'est pas assez connu. Les gens apprécient les décors et les persos alors qu'ils ont plus de mal avec les lettrages.

Doshen    Shendo    Shendo    Shendo    Doshen    Shendo    Doshen

Interview Shendo Tu travailles ton style ?
On ne peut pas vraiment dire ça. Chaque pièce dépend du contexte. Je ne fais presque plus de maquettes avant de poser et je ne travaille pas mon style particulièrement. Le nombre de graffiti fait que tu as une certaine maîtrise de la bombe et que tes peintures sont soignées. Le style met du temps avant d'arriver car il faut déjà explorer toutes les possibilités des bombes. Autrement, j'aime bien le travail sur les lettres et, qu'en gros, ça ressemble à beau un tag.

Shendo, Corbo Sh Doshen
Interview Shendo Tu peins des supports amovibles ?
Actuellement non, mais sans doute par la suite. Il y a encore du chemin à parcourir et il reste beaucoup de murs. Certains voudraient qu'on se cantonne à des panneaux et des toiles car c'est plus simple : on les enlève quand on en veut plus. C'est une arnaque de confiner le graffiti sur des toiles. Il faut imposer aux gens les peintures murales pour essayer de faire changer les mentalités. Longtemps on m'a saoulé avec le graffiti. Maintenant je ne me prends plus la tête et je fais mon truc.

Shendo, Nemo
Interview Shendo Tu places souvent des "citations" près de tes pièces ?
Ça se faisait avant, à l'ancienne. Avec Nemo, on plaçait des sortes de proverbes "95, ça pue l'arnaque", des petits clins d'œil pour se différencier et montrer l'ambiance. Vers 17-18 ans, on se sentait concerner par la politique et les messages étaient plus engagés. Mais ça sortait du graffiti et aujourd'hui, les histoires de rébellion et de révolution, je m'en tape. Sachant que le graffiti est quand même un marché ( les bombes, les nettoyeurs,... ), c'est tout un bizness.

Doshen    Kicé, Doshen    Shendo    Sh x2    Shendo

Interview Shendo Le vandale est vraiment essentiel pour toi ?
Carrément ! C'est un peu la nostalgie de ma jeunesse. En fait, je m'aperçois que l'arrache est liée aux plans autorisés : on ne peut pas faire de plans sans arrache ; si tu arrêtes l'arrache, il n'y a plus de plans autorisés et si tu arrêtes les plans autorisés, l'arrache diminue. Un graffiteur peut donner de l'offre et influer sur la demande. Puisqu'il est question de peindre des murs et si on peut se faire mettre à l'aise sur un plan, autant prendre tout ce qui passe et ne pas se faire chier.

Breizh Battle Breizh Battle City
Interview Shendo L'esprit de compétition est très présent dans l'arrache ?
On ne peut pas s'en séparer. Je m'intéresse de plus en plus aux autres disciplines du hip-hop et les notions de défis, de battles et de clashs, chez les DJ's et les breakeurs, c'est sain. Dans le graffiti, ça ne se fait pas. Contrairement, je pense que le graffiti est essentiel au hip-hop car s'il n'y en avait pas, tout se casserait la gueule. C'est le seul qui est vraiment enraciner dans la ville avec un caractère interdit.

Interview Shendo Tes rapports avec les forces de l'ordre ?
Je ne pose plus trop de questions : j'ai toujours vécu à Rennes, donc la dose est là. Ils ne pourront pas m'effacer du jour au lendemain ! Je ne vois donc pas trop comment faire sans les interpellations. Je suis complètement tricard, en fait.

Shendo Doshen, Kicé Shendo Sh
Interview Shendo Et ton avis sur le nettoyage ?
Le dégraffitage, c'est abusé. Ils suppriment des pièces qui ne le méritent pas. Même dans un entrepôt ou un terrain tranquille, on te chasse. L'adolescence aidant, tu as vite la rage et la ville va morfler car quelques jeunes s'exprimeront par les tags. Effacer les tags n'est d'ailleurs pas forcément une bonne affaire. Tu le vois bien dans les terrains : ça commence par quelques tags, un peu plus, des flops et des brûlures apparaissent, puis des pièces en couleurs et enfin des fresques. Mais les gens ne veulent pas laisser faire. Surtout ils ne font pas confiance aux jeunes et l'agressivité est omniprésente. Tu découvres le graffiti et tu n'as pas d'interlocuteurs : famille, monde artistique, école et professionnalisation. Tu te renfermes, tu te marginalises et tu te sers du graffiti pour faire chier les gens. Là, tu rentres dans un cercle de merde.

Shendo    Sh    Shendo, Séky    Shendone    Shendo, Sh    Shendo    Shendo, Kicé SM

Interview Shendo Une association comme Venturyase est née de cette volonté de montrer un art sous toutes ses coutures ?
On projetait de faire la promotion des différentes techniques apprises grâce au graffiti et aux quelques notions de dessin acquises. On a beaucoup démarché gratuitement pour se faire un book Venturyase. La fresque de la gare date de cette époque. Les résultats commençaient à arriver et les bons plans tombaient. A ce moment, on a splitté. De par mon statut dans l'asso, j'ai dû gérer les plans seul et donc faire appel à d'autres graffeurs.

Interview Shendo Dernièrement, tu as monté un gros projet à Saint-Jacques ( photos disponibles ici ) ...
Imcey, Doshen Shendo Shendo Les débuts remontent à 4 ans... A cette époque, avec Nerone, on peignait avec Imcé et les DCP par le biais d'initiations dans les MJC. Quelques fresques ont été réalisées et on souhaitait faire un plan plus conséquent. Les jeunes peuvent déchirer si on leur en donne les moyens. On souhaitait les accompagner au niveau structure et organisation pour qu'ils puissent se poser et essayer de lancer un peu plus leurs lettres. Un grand mur et une bonne quantité de bombes étaient nécessaires. Les négociations avec la mairie échouent et on débloque des fonds européens. Le site est transféré à Saint-Jacques et la surface monte alors à plus de 800m2. Nerone et moi, on s'occupe principalement du décor et des persos, en plus de l'organisationnel, déjà assez lourd. Les DCP ( Imcé, Casi, Posea, Tisk,...) vont posés plusieurs pièces. On a aussi fait appel à d'autres graffeurs rennais comme Core et Aéro ( QDC ), Lady One, Bogota, Taram,... Chacun construit quelque chose et un échange se créé sur un projet qui va nécessiter quelques mois de chantier.

Shendo Shendo Shendo Doshen
Dédicaces : Prince Pako, Bankok Bogota, Lady Ona,
Jade, DJ Clem, FABE, Hewgz, MAZER, Pésa, Ashe

Propos recueillis le : 26/07/2002
Par : Cronik, DJ Balis' Tick, Symbiose & Wanted

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